Exceptionnel groupe de la Flagellation en ivoire sculpté avec éléments en bois noirci, fer et fielle sur son socle orné de plaquettes. Au centre du groupe, le Christ se tient debout, adossé à la colonne, les poignets liés dans le dos, dans une position au contrapposto accusé avec une forte torsion du buste, son épaule droite rejetée vers l'arrière ; les deux bourreaux qui l'encadrent adoptent des attitudes suggérant le mouvement et la force, l'un le corps penché vers l'avant, à la limite de l'équilibre, l'autre, le bras droit levé, la jambe droite flchie, s'apprêtant à abattre son fouet sur le dos de Jésus ; un chien aboyant et un crâne posé sur des ossements viennent compléter la composition. Belle qualité de facture autant dans le traitement des corps, des chairs, des linges ceignant les reins jusqu'à celui des sandales portées par l'un des bourreaux ; les visages font preuve également d'une grande science dans leur expression, celui du Christ, d'une évidente noblesse dans sa douleur contenue, ceux des flgellateurs, aux yeux enfoncés et à la bouche grimaçante. Les chevelures des personnages sont aussi remarquables avec les mèches chacune creusées se détachant les unes des autres ou s'envolant afi de suggérer les mouvements. Ce groupe est fié sur un socle en palissandre à la façade incrustée de trois plaquettes d'ivoire fiement sculpté représentant trois scènes de la Passion : de gauche à droite, le Portement de croix, le Couronnement d'épines et l'Ecce Homo ; sur les côtés, éléments d'applique en ivoire fiurant un angelot tenant les Instruments de la Passion assis sur un cartouche de lanières aux bords festonnés. Autriche, attribué au Maître du Martyre de saint Sébastien et à son atelier, milieu du XVIIe siècle Hauteurs des statuettes : 26 cm - 24,9 cm – 29 cm H totale : 39,8 × L 40 × P 19,4 cm (très légers accidents, auréole du Christ, partie d'une volute d'un angelot et un attribut d'un bourreau manquants, petits éléments cassés et recollés) Provenance : collection privée, Paris Ouvrages consultés : Vente Sotheby's, Londres, 12 décembre 2003, lot 166, Hercule captif, attribué au Maître du Martyre de saint Sébastien, vers 1655; Festschrift für Christian Theuerkauff Barocke Kunststückh – Sculpture Studies in Honour of Christian Theuerkauff Munich, 2011, pp 52-59 ; Exposition 2011 – Francfort-sur-le- Main, M. Bückling et S. Haag, Elfenbein Barocke Pracht am Wiener Hof, Liebieghaus Skulpturensammlung, pp 58-75. On ne peut qu'être admiratif devant la grande maîtrise d'exécution de ce groupe, réalisé visiblement par un grand ivoirier du centre de l'Europe. Chaque statuette est ainsi sculptée dans un seul morceau d'ivoire, les bras mais aussi les linges ceignant les hanches avec leurs envolées. Le traitement des corps avec leur musculature vibrante, les réseaux veineux irrigant la surface des chairs, les mains et les pieds soigneusement détaillés montrent une volonté d'exagérer les caractéristiques anatomiques. Le rapprochement de ce groupe de la Flagellation avec les œuvres d'un sculpteur autrichien resté jusqu'ici anonyme - appelé du nom de deux grands chefs d'œuvre d'ivoire représentant tous deux le Martyre de saint Sébastien, l'un conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne, l'autre au Niederösterreichisches Landesmuseum de Linz – ressort avec évidence. Pour limiter la comparaison à quatre œuvres attribuées à ce maître ivoirier, on ne retiendra que le Martyre de saint Sébastien et le Pokal couvert illustrant l'histoire d'Alboin et Rosamonde de Vienne (Inv.-Nr KK 3654 et Inv.-Nr KK 4530) ainsi que l'Homme debout représentant une statue et l'Hercule et Achéloos du Metropolitan Museum de New York (no 2004.127 et no 1982.60.129) (fi.1, 2, 3 et 4). Outre le traitement commun des corps aux musculatures souvent affissées, des chevelures et des barbes dont chaque mèche est soulignée d'un sillon ou encore de la représentation des orteils dont on peut distinguer les phalanges sous la peau racornie, caractéristique de la manière de ce maître autrichien, on peut rapprocher le personnage de gauche du Martyre avec le bourreau de gauche de la Flagellation à la posture comparable (fi a et 1a). La présence d'un chien du même type se remarque dans la Flagellation, sur le Pokal comme sur le Martyre (fi.b, fi.2a et fi.1b). La dextérité avec laquelle sont rendus les arrière-plans dans les petites scènes des plaquettes insérées dans le socle de la Flagellation comme ceux du Martyre est aussi très parlante. Le contrapposto de l'Homme debout du Met n'est pas sans rappeler celui du Christ de la Flagellation comme la mollesse et le boursouflment des muscles, ceux du biceps et des pectoraux (fi.c et 3a). Enfi, un même motif décoratif a été employé sur les socles : les volutes aux bords festonnés comme on peut le voir sur le socle à présent dissocié du groupe d'Hercule et Achéloos et les motifs latéraux de la Flagellation (fi.d et fi.4a) Nous sommes donc en présence d'une œuvre importante de ce sculpteur anonyme, inédite à ce jour, que l'on peut considérer comme le plus illustre, encore inconnu, des artistes travaillant l'ivoire et ayant œuvré en Allemagne du sud et en Autriche durant la seconde moitié du XVIIe siècle. Son art exprime bien cette explosion de virtuosité qui succéda à la Guerre de Trente ans dans le centre de l'Europe. Ses œuvres furent un temps attribuées à Johann Caspar Shenck travaillant dans la région du Lac de Constance. Theuerkauf et Draper s'accordent à présent à placer Schenck dans l'entourage du Maître du Martyre de saint Sébastien sans pouvoir mettre un nom sur cet interprète virtuose de la sculpture sur ivoire. Exceptional Carved Ivory Group of The Flagellation on a stand with ivory plaques attributed to the Master of the Martyrdom of St Sebastian & his workshop (Austria, mid-17th century) 39.8 × 40cm × 19.4cm (height of fiures: 26cm - 24.9cm - 29cm) Slight damage; missing Christ’s halo, part of a volute of one cherub and of an attribute of one flgellant; some tiny elements restored Central fiure of Christ standing against a pillar, his wrists tied behind his back, in a pronounced contrapposto position, with marked torsion of the bust and his right shoulder thrown backwards. He is flnked by two flgellants in attitudes suggestive of movement and force – one leaning forward, the other with his right arm aloft ready to whip Christ’s back. A barking dog and skull-and-crossbones complete the composition. There is great fiesse to the treatment of the bodies, flsh, loin-cloths and even the sandals worn by one of the flgellants. The faces also display great expressive skill – that of Christ in the evident nobility of its restrained pain; those of the flgellants in their bulging eyes and grimacing mouths. The fiures’ hair is also remarkable, with strands rendered individually or fling in the air to suggest movement. The group is mounted on a rosewood stand inlaid with three fiely carved ivory plaques representing scenes from The Passion: Christ Carries The Cross – Christ Crowned with Thorns – Ecce Homo. Applied ivory elements to the sides feature a seated cherub holding the Instruments of the Passion within a cartouche with scalloped edges. Reference : – Sotheby’s London, 12 December 2003, Lot 166 – The Captive Hercules (c.1655), attributed to the Master of the Martyrdom of St Sebastian – Barocke Kunststückh – Sculpture Studies in Honour of Christian Theuerkauf – Munich 2011 (pp 52-59) – Bückling, M. & Haag, S.: Elfenbein Barocke Pracht am Wiener Hof (pp 58-75) – Liebieghaus Skulpturensammlung exhibition catalogue (Frankfurt-am-Main 2011) Provenance : Private Collection, Paris One can but admire the masterful carving of this group – clearly the work of a great ivory carver from central Europe. Each fiure is carved from a single piece of ivory, including the arms and loin-cloths. The treatment of the bodies – with their vibrant muscles, veins irrigating the surface of the flsh and carefully detailed hands and feet – are anatomically exaggerated. There are evident grounds of comparison between our Flagellation and two ivory masterpieces portraying the Martyrdom of St Sebastian by an anonymous Austrian sculptor – one in the Vienna Kunsthistorisches Museum, the other in the Niederösterreichisches Landesmuseum in Linz. We shall limit our own comparisons to four works attributed to this ivory master: the Martyrdom of St Sebastian (Inv.-Nr KK 3654) and the lidded goblet illustrating the story of Albuin & Rosamund, in Vienna (Inv.-Nr KK 4530); and, in the New York Metropolitan Museum (fis 1, 2, 3 & 4), the Standing Man Representing a Statue (n° 2004.127) and Hercules & Achelous (n° 1982.60.129). There is a common treatment of the bodies, with their often sagging muscles, hair and beards, with each strand emphasized by a furrow, and the toes portrayed with the phalanxes visible beneath the toughened skin – all typical of the manner of this Austrian master. We can also liken the flgellant on the left to the fiure adopting a similar posture on the left of the Martyrdom (fis a & 1a). The same type of dog is present in the Flagellation, on the goblet and Martyrdom (fi. b, fi. 2a & fi. 1b). The skilful rendering of the backgrounds in the tiny plaque scenes on the Flagellation stand, like those in the Martyrdom, is equally eloquent. The contrapposto of the Met’s Standing Man recalls that of Christ in the Flagellation, as do the flbbiness and swelling of the muscles, biceps and pectorals (fi. c & fi 3a). Finally, a similar decorative motif – the cartouches with scalloped edges – appears on the stands of the two works attributed to the Master of the Martyrdom of St Sebastian – Hercules & Achelous (now separated) and the Flagellation (fi. d & fi. 4a). We are therefore in the presence of an important, previously unknown work by an anonymous sculptor who may be considered the most illustrious unidentifid ivorycarver in southern Germany and Austria of the second half of the 18th century. His works express the explosion of virtuosity in central Europe that followed the Thirty Years War and were, at one stage, attributed to Johan Caspar Shenck, who was based in the vicinity of Lake Constance. Theuerkauf & Draper now place Schenck in the entourage of the Master of the Martyrdom of St Sebastian, but remain unable to pin a name on the ivory virtuoso.