Vierge à l’Enfant assise en noyer sculpté en ronde-bosse et polychromé. Assise sur un banc-trône mouluré, elle porte l’Enfant sur son genou gauche ; tête au visage aimable coiffe d’un voile qui repose sur les épaules ; elle porte un important nimbe composé d’une plaque de laiton gravé sur laquelle est fié un décor ajouré rayonnant en étain (ou plomb) modelé, estampé et doré fiurant deux anges et deux cœurs ; la Vierge est revêtue d’une robe ceinturée et d’un manteau qui revient sur le devant des genoux ; ce pan du manteau enveloppe le genou droit en formant des plis parallèles et courbes. Forez, seconde moitié du XIIIe siècle H 70,5 cm (polychromie ancienne mais vraisemblablement postérieure avec recharge d’enduit pouvant cacher des restaurations, nimbe rajouté à une époque très ancienne, peut-être au XVe siècle, quelques manques dont les mains) Provenance : Anciennement dans la chapelle du château du Colombier, Saint-Marcellin-en-Forez (Loire) Cette rare Vierge, qui se trouvait dans un château de la région de Saint-Etienne, a conservé une grande part de son pouvoir de fascination. Sa polychromie épaisse comme sa patine croûteuse – qui ne sont peut-être pas d’origine mais qui semblent cependant très anciennes – attestent d’une longue période de dévotion. De même que cette singulière auréole, faite de métal (laiton, alliage de plomb et d’étain ?), encastrée dans la tête et fiée à l’aide de clous en fer forgé, qui était destinée à impressionner les fièles lors des processions. Il n’est pas rare en efft d’observer le rajout de motifs décoratifs sur certaines Vierges du centre de la France servant à renforcer leur pouvoir de vénération. L’utilisation également de plomb et d’étain, soit en plaques, soit en éléments ornementaux, peuvent se voir sur certaines statues qui sont parvenues jusqu’à nous comme la Vierge de Baroille (Loire) à présent au musée du Louvre (RF 4288), celle d’Apcher en Lozère ou encore de Chateauneuf (Puy-de-Dôme). Ici, les curieuses fiurines d’anges modelées et estampées, semblent, par leur mode vestimentaire, datées du XVe siècle. Dans les villages reculés d’Auvergne, des mains d’artisans locaux enrichissaient au cours des siècles de cette façon ces statues sacrées durant leur vie cultuelle. Cette Vierge du Forez constitue ainsi un témoignage supplémentaire de ce type de dévotion au Moyen Age. Ouvrage consulté : H. Leroy et F. Debaisieux, Vierges romanes – Portraits croisés, Beaumont, 2009.