VERLAINE, Paul
Les Poètes maudits. Tristan Corbière. Arthur Rimbaud. Stéphane Mallarmé
Paris, Léon Vanier, 1884
MALLARMÉ DÉCROCHE POUR VERLAINE ET SES POÈTES MAUDITS SON
PORTRAIT PEINT PAR MANET : SUPERBE LETTRE.
EXEMPLAIRE DE LAURENT TAILHADE, POLÉMISTE ANARCHISTE, ET AMI
DE PAUL VERLAINE.
ÉDITION ORIGINALE
In-12 (180 x 116mm). Titre imprimé en rouge et noir
TIRAGE à 253 exemplaires tous sur vélin fin, sans grand papier
ILLUSTRATION
: portrait de chacun des trois poètes tirés sur papier de Chine
RELIURE SIGNÉE D’ALIX. Maroquin janséniste rouge, dos à nerfs, tranches dorées, couverture
conservée. Étui. PIÈCE JOINTE
: lettre autographe signée de Stéphane Mallarmé à Paul Verlaine, datée
du 8 octobre 1883
: “Mon cher ami, j’arrive seulement à Paris, décroche mon portrait et le remets à un
photographe”, 4 pp. in-12 (154 x 100mm), à l’encre noire. Petit manque angulaire sans atteinte au texte
PROVENANCE
: Laurent Tailhade (1854-1919
; ex-libris manuscrit, petite correction de sa main p. 54)
Laurent Tailhade fut d’abord un grand admirateur de Banville et du Parnasse. À Paris, il mène
la vie de Bohème dont il rêvait depuis sa Gascogne natale. Il se lie alors à Verlaine et participe
à la revue La Nouvelle Rive gauche, qui prendra le nom de Lutèce en 1883. L’histoire littéraire a
surtout retenu le fait qu’il perdit un œil dans un attentat anarchiste, en 1893, au restaurant Foyot
(à l›angle de la rue de Tournon et de la rue de Vaugirard) alors qu’il était lui-même adepte de cette
mouvance. Il écrivit plusieurs articles dithyrambiques sur Verlaine
:
“On l’imagine malaisément assis devant sa table, à des heures méthodiques, et reprenant le lendemain sa
tâche de la veille. La bohème, le désordre, la godaille populacière étaient le milieu propice à son génie. Il
vivait naturellement parmi la crapule et trouvait, à l’assommoir, ses grâces les plus tendres, ses rythmes
les plus purs.”
Les exemplaires des Poètes maudits ayant une provenance contemporaine de Paul Verlaine sont
rares, Verlaine étant au début de son chemin de rédemption. Le premier article des Poètes Maudits,
consacré à Corbière, parut dans “un petit journal” (Verlaine), nommé Lutèce, la dernière semaine
d’août 1883. Verlaine est encore dans les Ardennes. Il espère, avec cette première série de trois
portraits, revenir sur la scène littéraire parisienne. C’est à cet article sur Corbière que Mallarmé
fait allusion dans cette lettre à Paul Verlaine
: “très charmant d’allure, votre premier article”.
Paul Verlaine prépare en même temps l’édition en volume des trois articles. Il souhaite que
chacun d’eux soit illustré d’un frontispice. Il demande à Mallarmé une photographie du tableau
qu’Édouard Manet a fait de lui. Le tableau, aujourd’hui conservé au Musée d’Orsay, était alors
sur un mur de l’appartement de Mallarmé, comme nous l’apprend cette superbe lettre, datée du 8
octobre 1883
: “j’arrive seulement à Paris, décroche mon portrait et le remets à un photographe”.
Au début du mois de novembre, Mallarmé annonce à Verlaine que la photographie du portrait
est prête.
BIBLIOGRAPHIE
: Clouzot, p. 267 -- Carteret, II, 422. Pour la lettre de Stéphane Mallarmé
: Correspondance,
V, Paris, 1981, éd. de Henri Mondor, lettre CCCLXXXIV quater, p. 256 -- Correspondance 1854-1898, éd. de
Bertrand Marchal, Paris, 2019, n° 564, p. 506