RIMBAUD, Arthur
Les Illuminations
Paris, La Vogue, 1886
UN DES TRENTE EXEMPLAIRES DE TÊTE SUR JAPON.
REMARQUABLE EXEMPLAIRE DE GUSTAVE KAHN, ÉDITEUR DU LIVRE.
ÉDITION ORIGINALE. Notice par Paul Verlaine
In-8 (220 x 135mm). Bandeaux et fleurons
COLLATION : 1-68 74 : 52 feuillets ; [1]-7-102-[103] pp.
CONTENU : faux-titre, justification (au verso), titre, Notice de Verlaine, Les Illuminations, table des
matières
TIRAGE : un des trente EXEMPLAIRES DE TÊTE SUR JAPON (suivi de cent-soixante-dix hollande),
celui-ci non numéroté
RELIURE JANSÉNISTE SIGNÉE DE HUSER. Maroquin grenat, dos à nerfs, tranche supérieure dorée,
doublure de même maroquin, couverture conservée
PROVENANCE : Gustave Kahn (1859-1936 ; ex-libris autographe signé de ses initiales, à l’encre rouge,
sur le faux-titre : “à G.K GK”)
L’aventure éditoriale des Illuminations est rocambolesque. Les poèmes en prose avaient été remis
à Paul Verlaine par Arthur Rimbaud, à Stuttgart, en février-mars 1875. Ils passèrent entre les
mains de Germain Nouveau avant de revenir à Verlaine qui commit l’imprudence de les confier à
son beau-frère Charles de Sivry. Celui-ci, certainement sous la pression de la famille Mauté, ne les
rendit pas à Verlaine qui les lui réclama à plusieurs reprises. En 1883, Verlaine semblait en avoir
fait le deuil puisqu’il écrivait, dans Les Poètes maudits, regretter “une série de superbes fragments,
Les Illuminations, à tout jamais perdus, nous le craignons bien”.
En 1886, quelques jeunes éditeurs et poètes - Léo d’Orfer, Gustave Kahn et Félix Fénéon -
informés de l’importance de Rimbaud par Les Poètes maudits, entreprirent de publier les poèmes
du poète disparu dans une revue qu’ils fondèrent, La Vogue. Ils s’adressèrent à Verlaine qui ne
possédait presque plus de manuscrits de Rimbaud mais les aida dans cette tâche, comme le
rapporte Gustave Kahn :
“Je fis part à Verlaine de mon intention de publier dans La Vogue des œuvres de Rimbaud autres que
celles qui figuraient dans Les Poètes maudits, et supérieures aux Premières communions... Il s’agissait de
retrouver le manuscrit des Illuminations. Verlaine l’avait prêté pour qu’il circulât et il circulait.
Au dire de Verlaine, ce devait être dans les environs de Le Cardonnel qu’on pouvait trouver une piste
sérieuse ; c’était vague ; heureusement Fénéon, consulté par moi, se souvint que le manuscrit avait été
aux mains de M. Zénon Fière, poète et son collègue au bureau de la Guerre... Fénéon apprit de M. Zénon
Fière que le manuscrit était entre les mains de son frère, le poète Louis Fière ; nous l’eûmes le soir même,
le lûmes, le classâmes et le publiâmes avec empressement” (Symbolistes et Décadents).
Les Illuminations furent récupérées, soit les poèmes en prose proprement dits (et que l’on appelle
aujourd’hui “Illuminations”), et des poèmes en vers de 1872-1873 qui avaient probablement
été sauvegardés par la mère de Verlaine quand il était en prison. Ni Verlaine ni les éditeurs de
La Vogue ne différenciaient alors ces deux ensembles – il faudra attendre l’édition de Paterne
Berrichon en 1912. Gustave Kahn, directeur de La Vogue, publia donc quarante-six poèmes de
Rimbaud, prose et vers mélangés, dans cinq numéros successifs de la revue au printemps 1886.
En octobre, ils furent publiés en volume, avec une courte notice de Paul Verlaine qui expliquait
le choix du titre :
“Le mot Illuminations est anglais et veut dire gravures coloriées, - coloured plates : c’est même le sous-titre
que M. Rimbaud avait donné à son manuscrit. Comme on va le voir, celui-ci se compose de courtes pièces,
prose exquise ou vers délicieusement faux exprès”.
L’exemplaire ne figure pas au Répertoire des biens spoliés ni dans son Supplément.
BIBLIOGRAPHIE : Clouzot, p. 237 -- Carteret, II, p. 272 -- Arthur Rimbaud, Œuvres complètes, Paris, 2009,
pp. 287 et 939 -- Jean-Jacques Lefrère, Arthur Rimbaud, 2001, p. 943 et suiv.
For another signature of Gustave Kahn see lot 80.