LEDUC, Violette Thérèse et Isabelle [Manuscrit autographe complet et signé] [1955] EXTRAORDINAIRE MANUSCRIT ÉROTIQUE. LE PLUS IMPORTANT RÉCIT D'UNE PASSION AMOUREUSE ENTRE DEUX FEMMES JAMAIS ÉCRIT PAR UNE FEMME. " C'EST-CE QUE JE PRÉFÈRE DE TOUT CE QUE J'AI ÉCRIT " (Violette Leduc). 208 pages in-4 (270 x 205mm), à l'encre noire, sur papier calque. Quelques ratures RELIURE réalisée pour Jacques Guérin. Toile grise, gouache originale signée de Paolo Vallorz sur le plat supérieur, représentant Violette Leduc, avec la mention manuscrite " à Jacques Guérin, Paris, le 14.12.1964 ", nom de l'auteur peint sur le dos Au printemps 1948, Violette Leduc, encouragée par Simone de Beauvoir, entreprend la rédaction de Ravages. Celle-ci nécessitera six ans de travail : "[Violette Leduc] y parlera de la sexualité féminine comme aucune femme ne l'a jamais fait". La première partie, intitulée Thérèse-Isabelle (encore avec un trait d'union, qui disparaîtra au profit de la conjonction de coordination "et") relate la passion amoureuse entre deux collégiennes, dans un pensionnat, pendant trois jours et trois nuits. La suite du roman fait le récit de deux autres relations amoureuses (cette fois, hétérosexuelles). Simone de Beauvoir nourrit des doutes quant à sa publication : " c'est une histoire de sexualité lesbienne aussi crue que du Genet. Elle décrit par le menu comme une fille en dépucelle une autre, et ce qu'elle fait avec ses doigts " (lettre à Nelson Algren, 18 octobre 1949). Gallimard accepte de publier Ravages mais sans les cent-cinquante premières pages, soit, sans Thérèse-Isabelle. Le roman ainsi mutilé perd, aux yeux de son auteur, sa cohérence et sa force : " Ils ont refusé le début de Ravages. C'est un assassinat ". En rejetant Thérèse-Isabelle, Gallimard a en effet massacré la composition du livre, la relation entre les deux jeunes filles constituant un contre-point aux deux autres couples. La parution de Ravages est finalement prévue pour le printemps 1955. Simone de Beauvoir écrit à Violette Leduc : " j'étais convaincue que ça finirait comme ça, mais ils ont été vaches de vous faire attendre la réponse si longtemps ". Celle-ci répond : " oui, les Gallimard sont des cochons " (lettre du 20 août 1954). Le 7 août 1955, le jour de son quarante-huitième anniversaire, Violette Leduc se rend chez Jacques Guérin pour lui offrir les épreuves corrigées de Ravages, amputé de la première partie. Il relate lui-même l'histoire de cette édition, dans un entretien d'avril 1986 : " Violette arriva ce soir-là effondrée, se souvient-il. Elle s'assit comme d'habitude sur le grand canapé du salon et s'exclama : " Je reviens de chez Gallimard détruite. Mon livre a paru mutilé de son début. C'est ce que je préfère de tout ce que j'ai écrit ". Elle était désespérée. J'étais moi-même attristé et n'avais à ma portée qu'une seule réponse : " il paraîtra Violette, je l'éditerai ". Elle resta muette et pensive, doutant elle-même que cela devînt réel. Elle n'y voyait peut-être qu'un mot de consolation. Pour lui donner une réalité, j'ajoutais : " combien d'amis avez-vous à qui vous voudriez faire lire ce livre ? " " Une dizaine ", répondit-elle. Dans ce cas, lui ai-je dit, je ferai photocopier votre manuscrit. On le tirera à une vingtaine d'exemplaires et vous le vendrez 5000 francs chaque. ". En décembre 1955, paraît Thérèse et Isabelle, financée par Jacques Guérin. Cette édition de luxe constitue l'édition originale. Le tirage est de vingt-huit exemplaires seulement, qui reproduisent, selon un procédé photomécanique, le manuscrit de Violette Leduc (à la manière des Poésies photolithographiées de Mallarmé). Violette Leduc offrit, à Jacques Guérin, ce manuscrit de Thérèse et Isabelle qui servit à l'impression. Violette Leduc avait déjà offert, auparavant, à Jacques Guérin, le manuscrit de son deuxième livre, L'Affamée. RÉFÉRENCE : Carlo Jansiti, Violette Leduc. Biographie. Paris, Grasset, 1999, pp. 215 et suiv., 259 et suiv.
