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Grande plaque en albâtre sculptée en fort reliefreprésentant Adam et Eve de part et d’autre de
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Grande plaque en albâtre sculptée en fort reliefreprésentant Adam et Eve de part et d’autre de

Grande plaque en albâtre sculptée en fort relief représentant Adam et Eve de part et d’autre de l’Arbre de la science du bien et du mal. L’arbre est placé au centre de la composition, le serpent venant s’enrouler autour de son tronc tortueux, la tête tournée vers Eve ; à gauche, Eve est debout, de face, levant son bras droit pour saisir un fruit placé au-dessus de sa tête, tenant dans sa main gauche un groupe de fruits ; allongé dans l’angle inférieur droit, Adam prend appui de sa main gauche sur un rocher tandis qu’il porte à sa bouche le fruit défendu ; au premier plan, des touffs de flurs et un lézard viennent apporter une touche naturaliste. Belle qualité d’exécution et fort relief de la sculpture avec les bras droits d’Eve et d’Adam ainsi qu’une des branches de l’arbre se détachant du fond. Pays-Bas méridionaux, vers 1530 H 46,5 × L 30,4 × P 8,5 cm Encastrée dans un panneau de chêne (quelques cassures visibles et restaurées) La représentation de la Tentation d’Adam et Eve a été un thème de prédilection pour les artistes de la Renaissance, notamment en Allemagne et dans les Pays-Bas du sud. La gravure exécutée en 1504 par Dürer qui en propose une illustration particulièrement harmonieuse - tant des proportions du corps humain que de la symbolique des animaux du Paradis - a connu ainsi un grand succès. La version qu’en donne ce beau bas-relief d’albâtre relève davantage quant à lui du maniérisme flmand. La composition de la scène est ici plus originale que les représentations conventionnelles avec le personnage d’Adam qui adopte au premier plan une attitude peu habituelle : presque allongé, la jambe droite étendue et la gauche repliée, il prend appui sur son bras gauche dans une position instable. Bien que le torse soit pour ainsi dire de face, il tourne sa tête vers Eve, portant à sa bouche la pomme de perdition. Ce geste explicite de la faute est rarement aussi clairement montré, l’Eglise misogyne ayant eu tendance à charger la femme. L’anatomie des corps s’éloigne des canons aux proportions parfaites de l’homme de Vitruve dont s’est inspiré le peintre allemand de Nuremberg pour son Adam et Eve. Ici, l’arbre au tronc tortueux, le corps de la femme, avec ses cuisses fortes, et celui de l’homme, avec ses épaules musculeuses et sa tête légèrement trop importante par rapport à sa carrure, renvoient au maniérisme un peu exacerbé de l’école anversoise. Le peintre Jan Gossaert dit Mabuse en a fait en particulier sa signature comme le montrent ses nombreux nus qui ont contribué à sa réputation. Ce peintre et graveur a en efft introduit le style italianisant à Anvers après son voyage outre-monts où il a visiblement été impressionné par les nudités de Michel-Ange et de Raphaël. On peut ainsi mettre en relation certaines de ses œuvres avec la plaque d’albâtre. On pense à la gravure du Christ aux outrages ou au tableau à la Chute de l’Homme du musée de Berlin (fi. a et b) : la position du personnage allongé dans l’angle inférieur droit – le bourreau dans la première, Eve dans la seconde - la musculature détaillée et quelque peu boursoufle des corps comme la tête à la chevelure bouclée aux traits accusés font écho à plusieurs détails stylistiques de l’albâtre. On peut légitimement penser que le sculpteur faisait partie de la mouvance de ce peintre ayant travaillé essentiellement dans les Pays-Bas méridionaux, à Utrecht, Bruxelles et Anvers où il mourut en 1532. Ouvrage consulté : Exposition Munich, Conrad Meit – Bilhauer des Renaissance, Bayerische Nationalmuseum, décembre 2006 – mars 2007, cat.

Estimate
10 000 / 15 000 €
Result (Buyer’s fees and taxes included)
325 520 €