Baiser de Paix en émail peint polychrome avec rehauts d’or représentant la Crucifiion accompagnée de la Vierge, saint Jean, MarieMadeleine et saint Louis dans un encadrement de velours rouge orné de broderies en fis d’or. Plaque cintrée avec le Christ en croix sur fond de la ville de Jérusalem ; de part et d’autre de la croix, la Vierge les mains jointes et saint Jean tenant le livre des Ecritures ; à leurs pieds, agenouillés, Marie-Madeleine entourant de ses bras la base du stipe et saint Cloud avec un manteau flurdelisé et un sceptre. Large encadrement avec partie supérieure en accolade richement brodé de motifs appliqués en forme de serpents, de rosaces, de grains allongés avec rehauts de verroterie et de fiets en relief; bordant la plaque, bande guillochée agrémentée de flurettes à six pétales de verre rouge ; inscription à la partie inférieure : PAX . DNI . SIT . SEP . VOBIS («Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous»). Limoges, atelier de Pierre Reymond, vers 1535/40 Email : H 12,1 × L 8,7 cm H 28,1 × L 23 cm (totale) (très léger manque à l’émail sur la bordure gauche) Provenance : Vente Fontainebleau, Me Osenat, 29 octobre 1989, n° 20. Collection privée, Paris Cette plaque de baiser de Paix est à rapprocher d’un groupe d’œuvres illustrant la vie du Christ réalisées dans l’entourage de Pierre Reymond. Elles réunissent en efft certaines caractéristiques les reliant à plusieurs plaques datées et signées que l’on place au début de la carrière de ce prolixe peintre émailleur limougeaud. On retrouve en efft des similitudes dans le chromatisme (bleu intense, émeraude, marron clair, violine et or), la ville de Jérusalem en arrière plan avec ses architectures dorées ainsi que le ciel ponctué régulièrement d’étoiles. Cette Crucifiion, dont la composition est vraisemblablement inspirée d’une gravure, est identique dans les attitudes des personnages et la morphologie du Christ à une plaque du même thème de l’atelier de Pierre Reymond située dans les années 1535 à 1540 appartenant aux collections du musée de la Renaissance à Ecouen (inv. Ecl. 897) (fi.). L’originalité de ce baiser de Paix réside dans la présence au pied de la croix de saint Cloud, petit-fis de Clovis, reconnaissable à ses insignes royaux (couronne, manteau et sceptre flurdelisés) dont la représentation s’est déjà observée sur les émaux peints limousins de cette époque. Il faut aussi souligner la monture d’origine avec son riche encadrement brodé et agrémenté de verroterie rouge ; l’ensemble donne une bonne idée de l’aspect que pouvait revêtir cet objet de dévotion associant l’art des peintres émailleurs et celui des brodeuses, membres vraisemblablement de congrégations religieuses. Ouvrage consulté : M. Blanc, Emaux peints de Limoges – XVe–XVIIIe siècles – La collection du musée des Arts Décoratifs, Paris, 2011, pp. 80-85.