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Jackson Pollock et le Minotaure

22 mai 2024

Jackson Pollock a une trentaine d’années lorsque Peggy Guggenheim lui offre son premier solo show en 1943 dans sa galerie Art of This Century à New York. L’automatisme prôné par le surréalisme et notamment par André Masson, alors en exil à New York, opère comme un stimulateur sur la peinture de Pollock. Davantage connu pour ses « drip paintings » qui feront de lui le peintre le plus emblématique de l'expressionnisme abstrait américain, Pollock a toujours beaucoup utilisé le dessin, aussi bien dans son œuvre figurative dans les années 1930, que dans son langage symbolique des années 1940, et dans son expressionnisme abstrait des années 1950.

Il est difficile pour les artistes new yorkais d’échapper à l’attraction du surréalisme devenu omniprésent. En mars 1942, la « Pierre Matisse Gallery » expose les Artists in Exile en réunissant notamment Matta, Tanguy, Seligmann, Ernst. La même année la « Curt Valentine Gallery » expose les peintures récentes de Matta et de Masson, lequel montrera aussi ses dessins réalisés de 1938 à 1942 à la « Marian Willard Gallery ». La figure du Minotaure, que Pollock reprend à de nombreuses reprises, illustre l’influence de Picasso sur son œuvre. Les références au maître sont nombreuses dans son travail jusqu’à la fin des années 1940. Pour William Rubin, dans un article publié en 1967 dans Art in America, l’apparition du Minotaure, comme d’autres références iconographiques propres à l’œuvre de Picasso, sont chez Pollock le signe d’un complexe d’Œdipe à l’égard de son aîné catalan. Le thème du Minotaure est aussi évoqué dans « Pasiphaë », une grande composition colorée (Pasiphaë, Jackson Pollock, 1943, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art, New York) réalisée au même moment que notre dessin (lot 43). Pasiphaë est le nom que porte la princesse crêtoise qui donne naissance à cette figure mi-homme, mi-taureau, figure de légende et à laquelle de nombreux artistes font référence pour développer les thèmes de la guerre, de la souffrance et de la mort. Cette œuvre fait partie d’un ensemble important de dessins qui a été exposé en 1980 au MoMA de New York, lors de l’exposition Jackson Pollock, Drawing Into Painting, et dont la feuille intitulée « War » de 1947 fait aujourd’hui partie de la collection du Met. Cette série de dessins porte les prémices d’un tournant créatif qui fera de Pollock l’un des chefs de file de l’expressionnisme abstrait.

Jackson Pollock (Cody WY, 1912 – Easthampton NY, 1956)
Sans Titre, circa 1943-1944
Estimation : 150 000 / 250 000 €


Alfonso Ossorio y Yangco rencontre Pollock lors de sa seconde exposition à la « Parsons Gallery » en 1949, alors qu’ils sont tous deux très proches du mouvement surréaliste. Il s'ensuit une amitié intense d’où découle une riche correspondance. Pollock passe notamment l’hiver et le printemps 1950 chez Ossorio à New York. L’année suivante c’est sur les conseils de son ami que ce dernier acheta une grande propriété à East Hampton, « Creeks », où il passa le reste de sa vie et collectionna les œuvres de Pollock. Ce dessin a été offert par l’artiste à Ossorio l’année de leur rencontre.


"I’m very representational some of the time, and a little all of the time. But when you’re painting out of your unconscious. figures are bound to emerge.’’

Jackson Pollock

 

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