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Vierge à l’Enfant en ivoire sculpté en rondebosse avec des rehauts de polychromie et dedorure. Elle porte l’Enfant assis sur son bras
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Vierge à l’Enfant en ivoire sculpté en rondebosse avec des rehauts de polychromie et dedorure. Elle porte l’Enfant assis sur son bras

Vierge à l’Enfant en ivoire sculpté en rondebosse avec des rehauts de polychromie et de dorure. Elle porte l’Enfant assis sur son bras droit ; elle est revêtue d’une robe ceinturée et d’un manteau dont un pan revient sur le devant en tablier ; ces vêtements présentent de nombreux plis, verticaux sur la robe et dans le dos, en V cassés superposés sous le ventre ; sa longue chevelure, retenue par un bandeau fluri s’apparentant à une ferronnière, en partie cachée par un voile posé à l’arrière de la tête, tombe dans le dos en épaisses mèches ondulées ; l’Enfant Jésus, un collier de perles de corail autour du cou, tient dans sa main droite un panier en osier. Socle composé d’un anneau à pans et de deux épaisses plaques moulurées aux angles abattus ornées chacune de quatre rosaces marquetées, une des plaques formant la base, l’autre la terrasse, le tout autour d’un noyau de bois. On observe de nombreuses gravures de striches sur les parties du socle et sous la base de la Vierge qui permettaient l’accroche d’une colle afi de solidariser tous ces éléments. Limbourg ?, fi du XVe siècle/début du XVIe siècle H 28,4 cm (quelques manques dont la main gauche de la Vierge et le bras gauche de l’Enfant ainsi qu’aux rosaces marquetées, désolidarisation des éléments du socle et de la statuette avec son socle) A la suite du déclin qu’a connu le travail de l’ivoire vers la fi du XIVème siècle en Europe, il nous reste peu d’œuvres témoignant de l’art des ivoiriers de la fi du Moyen Age et du début de la Renaissance. Il n’est ainsi pas très aisé de situer l’origine géographique de telle ou telle sculpture par manque de pièces comparatives. Cette Vierge à l’Enfant, taillée dans un beau morceau d’ivoire, en est un exemple. Faute de pouvoir se tourner vers d’autres statuettes réalisées dans ce matériau, on peut toutefois établir des parallèles avec la sculpture sur bois de la fi du XVe siècle et du début du XVIe siècle notamment celle du Limbourg. On retrouve ainsi certains caractères de cette Vierge sur plusieurs œuvres de l’artiste Jan van Steffswert, actif entre 1480 et 1530 à Maastricht. Le bandeau fluri ornant le front, la ceinture en écharpe, l’amas volumineux des plis du manteau sur le ventre ou encore la chevelure tombant en mèches épaisses sont des détails que l’on peut observer sur sa statuaire féminine comme la sainte Femme du Bonnefanten Museum et la sainte Cécile de l’église Saint-Matthias de Maastricht ainsi que sur la sainte Odile des musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles. Le collier de corail ornant le cou de l’Enfant Jésus s’observe quant à lui sur des représentations mariales de peintres flmands comme van Orley, van Kleve ou Metsys, ce qui rattache cette statuette à la sphère des Pays-Bas méridionaux. C’est d’ailleurs dans cette même région que des ivoiriers ont utilisé dès le XVe siècle des décors marquetés sur des coffets ou des boîtes à jeux à l’image des petites flurettes du socle. Pour ce qui est de l’emploi de striches, visibles sur ce dernier ainsi que sous la base et servant à la prise d’une matière adhésive aujourd’hui disparue, il s’agit d’un procédé très commun dans les pays germaniques. Une des rares œuvres en ivoire avec laquelle on peut cependant établir une comparaison est une Vierge à l’Enfant assise, d’une facture plus luxueuse et raffie, appartenant aux collections du musée du Louvre (Inv. OA 2747). Traduisant cette diffilté de cerner ces ivoires post-médiévaux, Philippe Malgouyres, après l’avoir donnée comme vraisemblablement flmande, premier tiers du XVIe siècle, l’a placée quelques années plus tard en Allemagne au début du XVIIe siècle en tant que création néo-Renaissance réalisée dans le courant du «Dürer revival». Il paraît par contre ici légitime de rattacher cette belle Vierge, avec ses rehauts de dorure et de polychromie, aux productions du gothique fiissant ; elle pourrait être issue d’un atelier du Limbourg, dans cette région où diverses inflences, celles des Pays-Bas du nord, du sud ainsi que germaniques se sont exercées. Ouvrages consultés : A. Huysmans, La sculpture des Pays-Bas méridionaux et de la Principauté de Liège XVe et XVIe siècles, Musée royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 1999 ; P. Williamson, Netherlandish Sculpture 1450-1550, Victor and Albert Museum, Londres, 2002 ; P. Malgouyres, Ivoires du musée du Louvre 1480-1850 – Une collection inédite, Paris-Dieppe, 2005 ; P. Malgouyres, Ivoires de la Renaissance et des Temps modernes – La collection du musée du Louvre, Paris, 2010 ; P. Willliamson et G. Davies, Medieval Ivory Carvings 1200-1550, T I, Londres, 2014.

Estimation
10 000 / 15 000 €
Résultat (Frais de vente inclus)
21 767 €