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Serge Hélénon (né en 1934, Martinique) Sans titre (Expression Bidonville), 1984
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Serge Hélénon (né en 1934, Martinique) Sans titre (Expression Bidonville), 1984

Serge Hélénon (né en 1934, Martinique)
Sans titre (Expression Bidonville), 1984
Technique mixte, bois, métal et sable peint
57 × 40 cm
Bibliographie
A. Parinaud, D. Radford, P. Wicart, Hélénon, Montreuil, 1991, p. 200 Négro-Caraïbes et Vohou-Vohou : Retisser la mémoire du monde Trois. Ils sont trois. Louis Laouchez (1934-2016), Serges Hélénon (1934) ; Mathieu-Jean Gensin (1934), Trois frères jumeaux de la Martinique, tous nés en 1934 et tous pensionnaires des arts déco à Nice. Trois, ils sont trois peintres qui se retrouvent en Côte d’Ivoire où ensemble, en résonnance avec l’esthétique de la négritude, ils fondent en 1970, le mouvement Négro-Caraïbe. Les trois professeurs artistes font des émules dans les collèges et à l’Ecole des Beaux-Arts d’Abidjan où une dizaine d’étudiants galvanisés par leurs recherches plastiques résolument ouvertes sur l’abstraction, développent une dynamique de groupe et lancent à leur tour leur mouvement sous le label de Vohou-Vohou. Le terme Vohou est une notion péjorative qui désigne en Gouro, une langue ivoirienne « les ordures » ou « le n’importe quoi ». Il se bonifie des enseignements et des expériences des années d’étude de ses membres à l'atelier de Jacques Yankel (1920-2020) à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris à la fin des années 1970. Dès le début des années 1980, le Vohou-Vohou figure l’Ecole d’Abidjan en écho à l’Ecole de Dakar générée par la gouvernance du Président Léopold Sédar Senghor. À Abidjan comme à Dakar, les artistes et les intellectuels activent des processus de réappropriation de la mémoire des valeurs culturelles déclassées par la situation coloniale. Ils esquissent une demande culturelle, sociale et politique. C’est une rupture et un changement de paradigme. Le groupe animé par N’Guessan Kra (1954), Théodore Koudougnon (1951), Youssouph Bath (1949) se détache des deux tendances qui dominent dans les goûts du public et du marché : le réalisme figuratif d’une part, le réalisme merveilleux de la peinture dite naïve d’autre part. Michel Kodjo (1935-2021), Monné Bou (1948) et James Houra (1952-2020) s’imposent comme les figures de proue du courant figuratif. Christiane Achalme (1929-2019), Zéphirin, Losseni (1959-2009), Idrissa Diarra (1969-2015) et Augustin Kassi (1959) officient pour les naïfs. Zéphirin est l’un des premiers à cumuler succès en salles d’exposition et commandes publiques, avant de s’évanouir dans l’espace et dans le temps. A la différence d’Idrissa Diarra dont les «forêts tropicales» dissipent des messages écologiques avancés, Zéphirin se veut urbain et encore urbain. Mieux que les cartes postales, ses enchaînements d’immeubles et de ponts, ses reportages sur les visites officielles de personnalités, sa chronique du quotidien, ont fait école et tradition. Ses toiles sont rares et recherchées. Les artistes du Vohou-Vohou se déportent ailleurs sinon à côté. Faisant grand cas des matériaux locaux, ils explorent les ressources intrinsèques à la peinture en contexte. Ils expérimentent de nouveaux matériaux y compris les objets trouvés. Parmi eux, quelques dames dont Ernestine Meledge. Née en 1961, elle participe de la double aventure des écoles des Beaux-Arts à Abidjan et à Paris. S’inspirant des fêtes de génération du pays Adjoukrou, sa culture de base, elle imprime à ses toiles des effets des couleurs et des éclats des fêtes de générations. Ses couleurs ne sont pas seulement rafraîchissantes, elles dissipent une énergie apaisante. Quant à Théodore Koudougnon, sa démarche sobre et dense vise à se libérer du folklore et de l’exotisme autant que l’académisme qu’il assimile à l’occidentalisme. Avec un grand sens de la composition et des couleurs, il élabore ses tableaux comme des études du graphisme des masques. Et montent à la surface des tensions entre les peurs et les colères sociales d’une part, les aspirations du groupe à plus de sérénité et d’apaisement d’autre part. Trois. Ils étaient trois. Ensemble ils ont enclenché une ronde du monde qui a connecté les Caraïbes et l’Afrique, puis l’Afrique et l’Europe. Fort de France-Nice-Bamako-Ouagadougou-Fort de France-Abidjan-Nice-Fort de France, Louis Laouchez, Serges Hélénon et Mathieu Gensin ne sont pas seulement des témoins de l’histoire de l’art moderne en Afrique, ils sont également des acteurs, des embrayeurs de celle-ci. En 1966, Louis Laouchez participe au festival mondial des arts nègres à Dakar. En 1969, à Ouagadougou, il est dans la place quand démarre la semaine du cinéma qui deviendra le Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO), avant de se poser quelques années à Abidjan, dans une Côte d’Ivoire en plein essor économique et social. Il a su construire une œuvre ouverte sur le milieu urbain autant que sur les ressources du végétal dont la prégnance vibre de narratifs perlés de mythes et de mythes, de légendes et d’histoires et qui retissent les liens entre l’Afrique et les Caraïbes, font bouger le corps des ancêtres, interpellent la hantise de la catastrophe à Haïti et ailleurs, citent la filmographie de Jean Rouch, transcendant totems et tabous. — Yacouba Konaté ©2021 Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan Président Honoraire de l’AICA

Estimation
10 000 / 15 000 €
Résultat (Frais de vente inclus)
5 070 €