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PÉGUY, Charles Notre jeunesse
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PÉGUY, Charles Notre jeunesse

PÉGUY, Charles
Notre jeunesse
Paris, Les Cahiers de la Quinzaine, 1910
LE CHEF D'ŒUVRE DE PÉGUY :
UN DES 12 EXEMPLAIRES SUR WHATMAN, SEUL GRAND PAPIER AVEC TROIS ARCHES.
UN DES TEXTES LES PLUS RARES ET LES PLUS RECHERCHÉS DE LA LITTÉRATURE DU XXe SIÈCLE.
ÉDITION ORIGINALE. In-8 (184 x 124mm)
TIRAGE : un des 12 exemplaires sur Whatman, celui-ci : "troisième exemplaire de souche. Exemplaire de l'imprimeur." RELIURE DOUBLÉE SIGNÉE DE HUSER. Maroquin tête de nègre, doublure de même maroquin, dos à nerfs, tranches dorées sur témoins, couverture conservée. Étui.
NOTE AUTOGRAPHE DE FRANÇOIS MITTERRAND : "Ch. Péguy, Notre jeunesse 20.000 (fr.) chez Coulet et Faure septembre 85. Coté 22.000 (fr.) chez Loliée juillet 86".
Charles Péguy publie Notre jeunesse en 1910 en réponse aux nationalistes qui voient en lui un ancien dreyfusard rallié à leur cause. Il retrace
dans cette longue confession son cheminement spirituel, intime et universel. L'Affaire Dreyfus, " l'immortelle affaire Dreyfus continuée en affaire dreyfusisme ", est au cœur de Notre jeunesse : " elle offre avec une perfection peut-être unique, comme une réussite peut-être unique, comme un exemple unique, presque comme un modèle, un raccourci unique, généralement, de ce que c'est que la dégradation, l'abaissement d'une action humaine ". L'Affaire Dreyfus incarne ce moment de " crise éminente " où fut révélée non seulement une dégradation de la mystique républicaine, mais une dégradation de la mystique tout court :
" Nous sommes les derniers. Presque les après-derniers. Aussitôt après nous commence un autre âge, un tout autre monde, le monde de ceux qui ne croient plus à rien, qui s'en font gloire et orgueil. Aussitôt après nous commence le monde que nous avons nommé, que nous ne cesserons pas de nommer le monde moderne. Le monde qui fait le malin. Le monde des intelligents, des avancés, de ceux qui savent, de ceux à qui on n'en remontre pas, de ceux à qui on n'en fait pas accroire. Le monde de ceux à qui on n'a plus rien à apprendre. Le monde de ceux qui font le malin. Le monde de ceux qui ne sont pas des dupes, des imbéciles. Comme nous. C'est-à-dire : le monde de ceux qui ne croient à rien, pas même à l'athéisme, qui ne se dévouent, qui ne se sacrifient à rien. Exactement : le monde de ceux qui n'ont pas de mystique. Et qui s'en vantent. Qu'on ne s'y trompe pas, et que personne par conséquent ne se réjouisse, ni d'un côté ni de l'autre ". (p.14)
La figure de Bernard Lazare, "l'ami intérieur, l'inspirateur secret" des Cahiers, est centrale dans Notre jeunesse. Son texte Une Erreur judiciaire. L'Affaire Dreyfus (1896), avait sonné le début du combat pour innocenter Dreyfus. Péguy dénonce le discrédit dans lequel Bernard Lazare tomba après L'Affaire : " il fut un prophète. Il était donc juste qu'on l'ensevelît prématurément dans le silence et dans l'oubli. Dans un silence fait. Dans un oubli concerté ". Péguy rappelle la force d' " une amitié parfaitement échangée, parfaitement mutuelle, parfaitement parfaite, nourrie de la désillusion de toutes les autres, du désabusement de toutes les infidélités " ; et de conclure " je puis dire, pour qu'il n'y ait aucun malentendu, je dois dire que pendant ces dernières années, pendant cette dernière période de vie, je fus son seul ami. Son dernier et son seul ami ".
Les Cahiers demeurent un refuge de la pensée contre l'imbécillité. Certaines pages de Notre jeunesse sont parmi les plus célèbres de Péguy, comme celles qui opposent la mystique et la politique :
" Tout commence en mystique et finit en politique. Tout commence par la mystique, par une mystique, par sa (propre) mystique et tout finit par de la politique. La question, importante, n'est pas, il est important, il est intéressant que, mais l'intérêt, la question n'est pas que telle politique l'emporte sur telle ou telle autre et de savoir qui l'emportera de toutes les politiques. L'intérêt, la question, l'essentiel est que dans chaque ordre, dans chaque système la mystique ne soit point dévorée par la politique à laquelle elle a donné naissance ". (p.27)
On entend dans de telles phrases cet usage si particulier à Péguy de " la répétition qui remet côte à côte des mots identiques dans une spirale, où leur sens tournoie, toujours semblable et pourtant décalé. Le langage est au cœur de son œuvre, mais le langage comme action. Il répète, redit, recommence sans jamais rien retirer à ses brouillons successifs pour affirmer (enfoncer ?) plus loin sa pensée " (J. Drillon).
RÉFÉRENCES : Charles Péguy, Œuvres complètes, III, Paris, 1992 -- Alain Finkielkraut, Le Mécontemporain. Péguy, lecteur du monde moderne, Paris, 1992 -- Jacques Drillon, "Charles Péguy, ce gêneur qui dénonçait la puissance de l'argent", Paris, 2014

Estimation
8 000 / 12 000 €
Résultat (Frais de vente inclus)
29 901 €