Gustave FLAUBERT (1821-1880). Lettre autographe signée à Edma Roger des Genettes, maîtresse de Louis Bouilhet avec laquelle Flaubert entretenait des liens intellectuels et affectifs. S.l.n.d (Rouen, 1870 ?). 2 p. in-8. Pâles décolorations. Belle lettre à propos des malheurs de la guerre de 1870 : Je ne sais pas si je vais blesser votre patriotisme mais je suis navré par le spectacle de mes compatriotes. L'irrémédiable barbarie de l'humanité m'emplit d'une tristesse noire. Je pleure les ponts coupés, les chemins de fer abîmés, tant de travail perdu ! - Sans compter les morts qui vont être nombreux. - Je ne vois pas une idée dans cette guerre. On se bat pour le plaisir de se battre. Je n'y comprends rien. Le bourgeois (oui ! l'odieux bourgeois de Rouen, le cotonnier) est d'une férocité impossible à décrire. Il trouve que la Prusse l'a joué ! que Bismarck a été insolent envers lui ! … Mon travail s'en ressent de cette commotion universelle. Au lieu de songer à St Antoine je pense trop aux horreurs qui se préparent. Et je suis ici, complètement seul, ruminant mon passé, comme un vieillard, ce qui n'est pas d'une folichonnerie extrême … Je vous baise les deux mains, chère Madame, et suis à vous…