Ernestine Meledge dite Tina (née en 1961, Côte d'Ivoire)
Sans titre, vers 1980s
Acrylique, textile et collage sur toile
Signé "TINA" en bas, au dos, à deux reprises
140 × 80 cm
Le Vohou Vohou
“A l’inverse de toutes les grandes tendances de l’Histoire de l’Art, le Vohou Vohou n’est pas une école et encore moins un style, mais plutôt un esprit. Non un esprit de révolte comme le dadaïsme, mais un cri d’alarme à l’image de la négritude. Une complainte sortie du trou noir, de la poussière, pour briller comme un métal au soleil. L’Europe nous a appris une langue mais pas la chanson. On peut utiliser cette langue qui est connue et chanter des airs bien de chez nous.
Voilà pourquoi le Vohou utilise les techniques connues de la peinture moderne ou même classique pour développer un message d’actualité, d’humour, de gaieté ou de mystère... Peu importe le sujet, c’est la manière qui compte: le travail.
Chaque Vohou a son cri de guerre et c’est la force du Vohou Vohou qui ne veut pas copier ni imiter, mais raconter avec des mots nouveaux.
Que le Vohou colle, déchire, écrase, couse, soude, modèle avec les doigts c’est le sentiment de participer à l’actualité qui deviendra l’histoire qui nous anime tous; mais une fois de plus nous parlons d’une participation sincère, qui vient du fond du coeur, qui est provoquée mais non singée.
Le Vohou Vohou n’est pas une école !
Le Vohou Vohou n’est pas une tendance !
Le Vohou Vohou n’est pas un mouvement !
Non, non et non le Vohou Vohou n’est pas ! Il se fait ! Oui, il se fait et faites-en ce que vous voulez qu’il soit. Mais si vous le faites, faites le profondément, sincèrement, patiemment et passionnément, avec tout votre cœur et tout votre corps.
— N’Guessan Kra
Professeur, Institut National des Arts, Abidjan
N. Kra, “Le Vohou Vohou”, in Y. Kawaguchi, M. Yoshihara, R. Hirase, H. Kanno, Y. Shirakawa, H. Furukawa, An Inside Story: African Art of our Time, Tokyo, 1995, pp. 177-178.