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Deux enluminures sur vélin avec rehauts d'or de forme carrée provenant d'un même manuscrit : - un moine à cheval quittant l'habit monastique, un novice reçu par des moines et disant au revoir au premier - deux chevaliers tenant leur épée dressée face à une femme debout, un vase sur la tête, près d'une cuve baptismale, à gauche, un évêque, à droite, un prieur bénissant un enfant. Midi de la France, Avignon ?, vers 1320 H 8,3 cm × L 8,1 cm et H 8,3 cm × L 8,3 cm Dans des sous-verres (petites taches en bordure sur l'une) Ces deux enluminures proviennent d'un Décret de Gratien. Œuvre majeure du droit canonique, le Decretum Gratiani a été rédigé au XIIe siècle et a fait l'objet ensuite de nombreuses versions manuscrites. Il s'agit d'un recueil de diffrents textes ayant trait aux règles canoniques. La scène montrant un jeune moine à cheval enlevant sa bure correspond à la cause 20 qui concerne "la procédure de promotion des novices au sacerdoce : vérifiation d'une promotion prématurée du novice au sacerdoce", un novice entre au monastère et un autre (pas convaincu) retourne à la vie séculière en se dépouillant de son froc noir. L'autre scène, au sujet plus obscur, correspond à la cause 13 traite de "questions à propos de la juridiction ecclésiastique de l'église paroissiale : cas de doubles obligations subsistant pour les propriétaires terriens tant envers le diocèse dont ils sont issus que de celui dans lequel ils résident" ; l'iconographie proposée ici se retrouve sur deux manuscrits, l'un conservé à Berlin (SBBPK lat. fol.4), l'autre à la bibliothèque municipale d'Avignon (659) tous deux indiqués comme appartenant à des manuscrits peints à Toulouse ou à Avignon. François Avril dans le catalogue de l'exposition sur les Fastes du Gothique précise d'ailleurs que le "thème du départ à cheval n'apparaît que dans certains exemplaires du Décret originaires du midi de la France" (cat.234, fi.a). Origine géographique confortée encore par la présence d'arcatures surmontées d'architectures que l'on observe sur des enluminures d'un manuscrit d'Avignon que l'on peut dater de 1319 (cat.257, fi.b). Le décor peint de ces manuscrits du sud de la France des premières décennies du XIVe siècle est d'un grand raffiment ; il conserve "les qualités essentielles de l'enluminure parisienne à la veille de la rénovation profonde imposée par Jean Pucelle à partir du milieu des années 1320" selon F. Avril. Cependant "la structure architecturale qui abrite la scène […] trahit en revanche une certaine contamination de l'artiste par l'enluminure italienne". Ces deux enluminures sont un intéressant témoignage de cette production du sud de la France sur laquelle se sont exercées les inflences septentrionale et ultramontaine. Ouvrage consulté : Exposition Paris 1981-1982, Les Fastes du Gothique – le siècle de Charles V, Galeries nationales du Grand Palais, F. Avril, cat.
