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BLOY, Léon "Pour exaspérer les imbéciles".
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BLOY, Léon "Pour exaspérer les imbéciles".

BLOY, Léon
"Pour exaspérer les imbéciles".
Manuscrit autographe signé
Paris, [9 mai 1897]
EXTRAORDINAIRE ET CÉLÈBRE TEXTE DE L'ÉCRIVAIN CATHOLIQUE ET RÉVOLUTIONNAIRE LÉON BLOY SUR L'INCENDIE DU BAZAR DE LA CHARITÉ.
LA MORT DES DUCHESSES ET DES BANQUIÈRES DEVIENT OBJET DE SCANDALE ET MAINTENANT VENGEANCE DE DIEU PUISQUE LES RICHES MEURENT ENFIN JUSTEMENT : "AH ! S'IL S'ÉTAIT AGIT D'UNE POPULATION DE MINEURS, GENS AUX MAINS SALES"
MANUSCRIT AUTOGRAPHE COMPLET prolongé par le fragment d'un autre texte "Extrait d'une autre lettre. Au même. 6 septembre 97". En tout 3 pp. in-4 (220 x 173mm), encre noire, signature à la fin, quelques ratures et corrections, indications de numérotation à l'encre rouge et bleue et corrections destinées sans doute à l'impression, quelques fissures dans les plis
"Vous me demandez "quelques mots" sur la récente catastrophe. J'y consens d'autant plus volontiers que je souffre de ne pouvoir crier ce que je pense. J'espère, mon cher André, ne pas vous scandaliser en vous disant qu'à la lecture des premières nouvelles de cet événement épouvantable, j'ai eu la sensation nette et délicieuse, d'un poids immense dont on aurait délivré mon cœur. Le petit nombre des victimes, il est vrai, limitait ma joie. Enfin, me disais-je tout de même, enfin ! ENFIN ! voilà donc un commencement de justice. Ce mot de Bazar accolé à celui de CHARITÉ ! Le Nom terrible et brûlant de Dieu réduit à la condition de génitif de cet immonde vocable (...) des prêtres, des religieuses circulant dans ce pince-cul aristocratique (...) Et le Nonce du Pape venant bénir tout ça ! (...) Alors, immédiatement, le Feu a été déchaîné, et TOUT EST RENTRÉ DANS L'ORDRE (...) Elle n'est pas non plus pour toi cette Parole, n'est-ce pas, marquise ? Tout le monde sait que l'Évangile fut écrit pour la canaille (...) Ah ! s'il s'était agi d'une population de mineurs, gens aux mains sales, on aurait peut-être vu plus clair, les yeux étant beaucoup moins remplis de larmes. Mais, des duchesses ou des banquières qui "s'étaient réunies pour faire le bien", comme l'a positivement dit le généreux gaga François Coppée, songez donc, chère Madame ! (...) On ne fait pas joujou avec les formes saintes, et c'est à faire peur de galvauder ainsi le nom de Charité, qui est le Nom même de la Troisième Personne Divine"...
Il s'agit d'une mise au net autographe, sans doute destinée à l'imprimeur, d'un texte que Léon Bloy adressa à son ami André Roullet. Le 4 mai 1897, l'incendie du Bazar de la Charité avait causé la mort de plus de 120 personnes, essentiellement des femmes de l'aristocratie européenne brûlées vives dans un hangar en bois où avait été reconstituée une rue du Moyen Âge.
RÉFÉRENCE : L. Bloy, Journal, Paris, 1956, I, pp. 247-248

Estimation
2 500 / 4 000 €
Résultat (Frais de vente inclus)
10 059 €