Alfred de VIGNY (1797-1863). La Maison du berger. Copie manuscrite d'un fragment du poème. 1853. 5 feuillets in-4, demi-maroquin rouge à coins, dos à 5 nerfs, tête dorée (Alix). Copie manuscrite signée de la main d'Alfred de Vigny de 10 strophes de l'un de ses plus célèbres poèmes La Maison du berger, devenu monument de la poésie romantique. Ce long poème de 336 vers est formé de 48 strophes de 7 alexandrins chacune réunies en trois parties de 19, 13 et 16 strophes. Les dix strophes recopiées sont les strophes 10 à 19 consacrées à l'invention du chemin de fer et à ses méfaits. Vigny y décrit la puissance de la machine, son bruit, son souffle, sa rapidité, les trajets linéaires qu'elle entraine et l'absence de poésie qui découle des voyages effectués par ce moyen. Cette version présente des variantes avec la version imprimée, qui sont reproduites ci-dessous entre parenthèses : ……………….. Sur le taureau de fer qui fume, souffle et beugle L'homme a monté trop tôt. Nul ne connaît encore Quels orages en lui porte ce rude aveugle ……………….. Mais aucun n'est le maître Du dragon mugissant qu'un savant a fait naître ………….. Evitons ces chemins. - Leur voyage est sans grâces Puisqu'il est aussi prompt, sur les lignes de fer Que la flèche élancée à travers les espaces ……………. On entendra donc plus jamais piaffer sur une la route Le pied vif du cheval sur les pavés en feu Adieu, voyages lents, bruits lointains qu'on écoute, Le rire du passant, les retards de l'essieu Les détours imprévus des pentes variées Un ami rencontré, les heures oubliées L'espoir d'arriver tard dans un sauvage lieu. La distance et le temps sont vaincus. La science Trace autour de la terre un chemin triste et droit …………… jamais la Rêverie amoureuse et paisible n'y verra sans horreur son pied blanc attaché car il faut que ses yeux sur chaque objet visible versent un long regard, comme un fleuve épanché, …………… Ces cinq feuillets sont reliés avec une lettre autographe signée d'Alfred de Vigny, datée 20 oct.(bre) 1853, 4 pages in-8, adressées à une demoiselle qui lui a demandé une pièce manuscrite pour son album : …Croyez bien que les âmes poétiques sont aussi rares en ce monde que les poètes. Plus je connais la vie et mieux j'assure aussi que parmi les esprits qui savent sentir les œuvres de l'imagination, lire ou plutôt chanter la Poésie, les plus sympathiques, les plus attentifs, ceux en qui repose le plus pur sentiment du beau idéal en toutes choses, je trouve chez les jeunes personnes, ces femmes adolescentes qui cherchent à connaître la vie et les arts à la fois, ces êtres délicats que l'on n'aurait pas dû cesser de nommer : les demoiselles, et à qui, je ne sais pourquoi, la bonne compagnie ne donne plus leur joli nom … je vous envoie quelques strophes d'un poème qui, je crois, vous est inconnu et que vous poserez dans votre album puisque vous voulez qu'il s'y trouve un nom sur lequel se sont attachés vos regards et votre pensée… Emouvant ensemble.