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Vases Néoclassiques : Un Témoignage de l'Artisanat du XVIIIe Siècle

24 septembre 2024

Piasa Digital

PIASA présentera aux enchères une très belle paire de vases en porcelaine lors de sa vente Une élégance intemporelle : D'une collection privée du 2 octobre 2024.

Ces deux vases correspondent à une petite série d’objets parfaitement répertoriés et réalisés à partir de vases similaires pour ce qui est de la forme et du décor peint, mais présentant des montures de modèles différents les uns des autres.

Concernant le vase lui-même, si les spécialistes ne parviennent pas à une identification précise, il semble qu’il s’agisse d’un vase de porcelaine de Chine décoré dans une manufacture française ou par un peintre français, peut-être à Mennecy ou Chantilly.

Dans cette hypothèse, l’origine de cette série serait un ensemble de vases acquis par un marchand-mercier (ou une fabrique de porcelaine), décorés dans un second temps par un peintre français (peut-être dans la cadre même d’une manufacture), puis montés en bronze doré, vraisemblablement par différents artisans bronzier, mais possiblement mis en œuvre par un seul et même coordinateur.

La plupart des montures de ces vases (et probablement également leur décor peint) correspondent au style des débuts du néoclassicisme, vers 1760-1770. Au moins onze vases similaires sont ornés d’une monture à anses verticales formant un angle droit au sommet rejoignant le vase par un jeu de draperies : une paire conservée au musée Nissim de Camondo à Paris, une autre paire au musée Condé à Chantilly, une paire vente Paris en 1999 (Sotheby’s le 11 décembre 1999, lot 102), une paire vente Paris en 2012 (Etude Aguttes, le 11 juin 2012, lot 156), un vase vente Paris en 2011 (Etude de Maigret, le 2 décembre 2011, lot 206) et une paire vente Paris en 2024 (étude Crait-Muller, le 21 juin 2024, lot 190).

Paire de vases en porcelaine à décor caillouté vert et brun
Estimation : 30000 / 50000 €


D’autres vases comparables présentent des montures au décor feuillagé plus original, il s’agit notamment de ceux de la vente Murat et de la vente Jules Strauss en 1961, mais le décor de bronze doré le plus rare et le plus ambitieux, est de loin celui du vase de la vente Lehman en 1925 présenté ici.

Le principe des anses à entrelacement figurant deux serpents pour chaque anse est un motif qui sera repris sur de nombreuses montures d’époque Louis XVI. Il trouve probablement une origine directe dans les vases en porphyre ou basalte réalisés à Rome dans le dernier tiers du XVIIIe siècle. On retrouve un dessin pratiquement identique sur un vase en basalte sculpté réalisé à Rome vers 1760-1770, aujourd’hui conservé au Château de Versailles (anciennes collections du bailli de Breteuil puis Lenoir du Breuil).

Il est intéressant de rapprocher ces deux vases d’une description réalisée à l’occasion de la vente Blondel de Gagny en 1776 dont le décor de la porcelaine pourrait être compatible avec les vases Lehmann et dont la monture est également à serpents : « 725- Deux vases en porcelaine jaune, à bandes brunes découpées, ornées d’anses formées par des serpents, collets et piédouche de bronze doré, hauteur chacune de 14 pouces, sur des socles de marbre africain encadrés de moulures de bronze doré, 292 livre ». Notons cependant que la description de fait pas mention d’un quelconque décor craquelé ou caillouté, que la paire de vases est présentée dans la rubrique « porcelaine de la Chine » ; en revanche, les dimensions pourraient correspondre si l’on imagine des socles de marbre d’une hauteur de 4 cm.

Piasa Digital

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