Dans le cadre de la vente du jeudi 7 novembre 2019, le département Art contemporain africain de PIASA présente une sélection d’artistes reflétant l’étonnante diversité de cette scène.
Après avoir gagné Londres en septembre 1940 où il intègre l’Armée de l'air de la France libre, ce petit-fils de l’Amiral de France Joseph Romain-Desfossés (1798-1864) quitte la France pour rejoindre Brazzaville et établir un statut de protection de l’art et de l’artisanat indigène. Il est alors attaché au bureau militaire du haut-commissariat de l’Afrique Équatoriale Française.
Il s’intéresse à l’anthropologie et peint des fonds marins. Rapidement, naît en lui la volonté de faire vivre la création artistique locale, et il crée en 1946 un atelier d’art indigène qu’il appelle le « Hangar ».
Il recrute alors ses « disciples » après leur avoir fait passer un test d’entrée. Selon leurs qualités, il les oriente vers la peinture sur chevalet, la plus prestigieuse, ou vers la peinture décorative ou publicitaire, également rémunératrices.
Les laissant libres de s’épanouir et d’exprimer leur génie créatif, Romain-Desfossés montre ainsi qu’il existe en Afrique un art autre que le statuaire et les masques qui ont inspiré les peintres modernes en Occident. Les œuvres qui sortent du Hangar vont à l’encontre du conformisme et de l’histoire de l’art officielle, entendue et autocentrée.
Pierre Romain-Desfossés (France, 1887-1954) Sans titre, 1954
Estimation : 1000 / 2000 €
L’objectif de Desfossés est de guider ses disciples, sans imposer les principes de l’art occidental. Au contraire, il les encourage au cours de promenades dans la brousse et lors de la visite du zoo d’Élisabethville, à s’inspirer de la nature qui les entoure.
Bien qu’à l’encontre du conformisme, les réalisations du Hangar intéressent les milieux artistiques européens au point d’être présentées en Belgique, à Paris, à Rome, à Londres, au MoMA de New York et en Afrique du Sud.
Réalisé en 1954, la technique mixte sur papier marouflé de Pierre Romain-Desfossés proposée à la vente par PIASA traduit le plaisir qui était le sien de figurer la nature. Sur un fond indéterminé où les couleurs se diluent les unes dans les autres, les ramifications végétales tapissent le sol de ce paysage qui semble se jouer de la délimitation abstrait/figuratif.