Moïse Kisling, né dans une famille juive à Cracovie, en Pologne, a défié les espoirs de son père d’un avenir d’ingénieur, nourrissant plutôt son ambition de devenir artiste. Alors qu’il étudiait à l’Académie des Beaux-Arts de Cracovie, Kisling a trouvé l’inspiration et les conseils de Jozef Pankiewicz, son mentor qui avait été influencé par l’impressionnisme à Paris et considérait la ville comme le paradis artistique ultime. Encouragé par Pankiewicz, Kisling jette son dévolu sur Paris, l’épicentre du monde de l’art, où le début du XXe siècle voit l’épanouissement de divers mouvements d’art moderne, du fauvisme au cubisme. Vers 1910, Montparnasse apparaît comme l’épicentre de l’activité artistique à Paris.
Kisling, accompagné d’un groupe d’artistes animés par leur profonde passion pour l’art, se sont installés à Paris en provenance de divers coins du monde. Ils partageaient des espaces de vie dans des lofts mansardés et des cottages sur la rive gauche de la Seine, issus d’horizons culturels divers et parlant des langues différentes. Grâce à cette convergence, ils ont progressivement établi un microcosme flexible, diversifié, libéré et créatif. La multitude de styles artistiques qu’ils représentaient défiait toute classification facile, ce qui a conduit les historiens de l’art à les appeler collectivement « l’École de Paris ». Parmi les personnalités éminentes de ce mouvement figuraient, entre autres, Pablo Picasso d’Espagne, Moïse Kisling de Pologne, Marc Chagall de Russie, Chaïm Soutine de Biélorussie, Tsuguharu Foujita du Japon et Amedeo Modigliani d’Italie.
Moïse Kisling (1891-1953)
Jeune garçon, circa 1928
Estimation : 60000 / 90000 €
Le parcours artistique de Kisling porte initialement l’influence de Paul Cézanne, d’André Derain et du mouvement cubiste, mettant profondément l’accent sur les aspects structurels de l’imagerie. Il emploie des formes simplifiées, une palette de couleurs sobres et se consacre à la représentation de personnages, de paysages et de natures mortes. Cependant, un changement transformateur s’est produit après 1915, conduisant Kisling vers l’expressionnisme. Au début des années 1920, son style de peinture atteint sa maturité, combinant un dessin précis et des couleurs vibrantes. Son style caractéristique présentait souvent les sujets de manière lucide et sans fioritures, soulignant l’élégance des formes lisses et arrondies et une palette de couleurs vives. Moïse Kisling et son ami Amedeo Modigliani représentaient principalement des personnages dans leurs œuvres. Leurs sujets, souvent représentés sans expression, allaient des amis et épouses aux actrices, mannequins, garçons et filles. Les personnages de Kisling présentaient des visages ronds distinctifs, des yeux en forme d’amande et de délicates bouches ressemblant à des cerises, un style peut- être influencé par la tradition européenne de fabrication de poupées. Alors que certaines de ses œuvres représentaient des personnages avec les pupilles retirées et les yeux entièrement noircis, une approche probablement influencée par Amedeo Modigliani. La méthode de Kisling pour gérer les ombres le distingue, en utilisant des contrastes forts et des détails complexes de lumière et d’ombre. Cette technique distinctive a donné vie aux personnages, renforçant leur présence tridimensionnelle.
