Dans le cadre de la vacation « Collection Daniel Varenne II » le mercredi 28 octobre 2020, PIASA met à l'honneur le travail de plusieurs artistes plasticiens français de la seconde moitié du XXe siècle, parmi lesquels Jean-Pierre Raynaud.
L’enfance de Jean-Pierre Raynaud est ébranlée par un drame, la mort de son père lors du bombardement de l’usine où il est employé en 1943. De santé fragile, Raynaud suit des études à l’Ecole d’Horticulture dont il sort diplômé en 1958. Après son service militaire, qui le retient de 1959 à 1961, il renonce au métier de jardinier qui aura cependant joué un rôle décisif dans son intérêt pour les plantes et pour la manipulation d’objets en rapport avec l’horticulture comme le pot de fleur.
Ses premières œuvres, qui datent des années 1962-1963, sont des assemblages exécutés à partir d’objets de rebut, d’objets empruntés à la signalisation routière (le sens interdit notamment), et de matériaux du bâtiments ramassés dans les décharges publiques. Raynaud se rapproche assez tôt des artistes du Nouveau Réalisme (Yves Klein, Daniel Spoerri, Raymond Hains, Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle) qui le confortent dans son intérêt pour les objets du quotidien et ordinaires.
Jean-Pierre Raynaud (né en 1939)
Psycho-objet agression C, 1965
Estimation : 30000 / 40000 €
En 1963, Raynaud commence à réaliser des « Psycho-Objets » qu’il exposera en 1965 à la galerie Jean Larcade lors de sa première exposition personnelle (« Psycho-objet-agression C » 1965), lot 7. Dans le catalogue de cette exposition, Alain Jouffroy écrit : « Avec Jean-Pierre Raynaud, la perspective glaciale qui relie et sépare le monde et la pensée (…) est mise en évidence de manière frappante : ses Psycho Objets cernant la même absence centrale (…). Rien, ici, n’est exprimé, mais tout est montré avec tant de clarté que le regardeur peut circuler, se poser, s’immobiliser à l’intérieur d’un laboratoire mental ». Les œuvres de Raynaud sont des objets d’une portée psychologique très chargée, renforcée par l’usage strict du rouge et du blanc, et l’association inattendue d’éléments simples comme des jauges, des échelles, des pelles de secours, des panneaux de signalisations ou des pots de fleurs (« La réalité au mètre », 1968), lot 8.

Jean-Pierre Raynaud (né en 1939)
La Réalité au mètre, n°20, 1968
Estimation : 20000 / 30000 €
À partir de cette date, Raynaud connaît un succès grandissant. En 1966, il est remarqué par Mathias Fels qui lui consacre une exposition, il se rapproche d’Arman qui l’incite à passer deux mois à l’hôtel Chelsea de New York, tandis que les collectionneurs Philippe Durand-Ruel et Jean-Marie Rossi lui achètent toutes les œuvres de son atelier. Sélectionné pour la Biennale de São Paolo par Michel Ragon, Raynaud bénéficie de plusieurs expositions muséales en 1968-1969 comme au Stedelijk Museum d’Amsterdam et au Moderna Museet de Stockholm.
Il multiplie les actions avec le pot de fleur rouge rempli de ciment qui devient son motif de prédilection (Sans titre, 1966), lot 6 : ainsi, après avoir exposés 300 pots rouges à la Kunsthalle de Düsseldorf, il en présente 4000 à Londres, Jérusalem et Hanovre en 1971. En 1972, Raynaud vient à la quadrichromie en répétant, avec la série des « Rouge, Vert, Jaune, Bleu », un même élément en quatre couleurs. S’intéressant dans un premier temps à des objets industriels, il se concentre ensuite sur des objets plus violemment connotés, en relation avec le thème de la mort.
Jean-Pierre Raynaud (né en 1939)
Sans titre, 1966
Estimation : 20000 / 30000 €
Raynaud oriente également son travail vers une dimension plus architecturale comme en témoigne sa maison-blockhaus de La Celle Saint-Cloud qu’il ouvre en 1974 au public, et dont la particularité est d’être entièrement recouverte de carreaux de faïence blancs des murs au mobilier, du sol au plafond. Jusqu’en 1993, date de sa démolition, il ne cessera de transformer ce lieu, comparable à un véritable laboratoire de recherche. Le carrelage sera omniprésent dans des projets en relation avec l’architecture (« Espaces zéro », « Container zéro », 1988, M.N.A.M.) mais aussi pour des réalisations dont l’échelle les rapproche de la statuaire ou du tableau. Ainsi en 1988, Raynaud réunit pour l’exposition « Bleu, Blanc, Rouge » à la Galerie de France des drapeaux dont le blanc est remplacé par du carrelage (« Bleu, Blanc, Rouge », 1987), lot 9.
Jean-Pierre Raynaud (born 1939)
Bleu-Blanc-Rouge, 1987
Estimation : 10000 / 15000 €


