« Patrizia et moi, nous n’avons jamais eu l’âme de collectionneurs. L’affirmation peut surprendre. Elle est pourtant vraie...
Nous n’aurons fait qu’aller de coups de cœur en rencontres. Parce que nous aimons les artistes. Ils nous fascinent depuis toujours. Nous admirons leur façon de dire le monde, d’avancer en visionnaires. Entre eux et nous, il s’agit d’une longue histoire. Pour moi, elle prend sa source dans les années 50, lorsque j’accompagne mon grand-père au-devant de l’une des plus belles émotions de mon existence. Un Homme qui chavire, de Giacometti - j’en frisonne encore.
Ainsi, je n’aurai de cesse de retrouver cette émotion. Dès que j’en ai eu la possibilité, j’ai voulu accompagner les artistes. Vivre avec leurs œuvres. Ce sont chaque fois des élans du cœur, auxquels je ne sais pas, ne peux pas, ne veux pas résister...
Ce sont les « Pénétrables », que j’ai découverts chez Denise René. Et puis l’art de Soto, qui ne pouvait que m’atteindre -parce que ses préoccupations d’artiste faisaient écho avec mon métier -combien de fois ses œuvres m’ont inspiré !
Ce sont Garouste et Bonetti et leur ligne Barbare, Pucci de Rossi, Bill Viola, Dubreuil et son fauteuil... Tous découverts, dès la fin de 1984, à la galerie Néotù avec Pierre Staudenmayer. Ces artistes et designers qui me passionnent -et qui tous sont intéressés par l’univers de la mode. Certains d’entre eux, de 1986 à 1988, vont ainsi intervenir chez nous puis, en 2000 et 2001, au Domaine des Andéols...
C’est une passion qui devient telle que nous commençons de la partager avec les gens de la mode qui nous entourent. Parce que nous avons, Patrizia et moi, ce goût du partage et de la transmission. Transmettre notre bonheur, notre passion à nos amis, nos relations, à celles et ceux qui travaillent avec nous.
C’est dans les années 1990 la rencontre avec Yvon Lambert, grâce auquel nous allons au-devant des artistes, visiter leurs ateliers, comme une sorte d’initiation, une longue villégiature. C’est l’indéfectible amitié de Kamel Mennour, dès 2001, sa passion pour l’art contemporain, la présence inouïe auprès de ses artistes.
Artistes, galeristes, tous nous auront accompagnés. Le même amour de l’art nous animait. Et nous anime encore.
En me retournant aujourd’hui sur le chemin parcouru, sur les œuvres glanées au fil des années, nous éprouvons une infinie reconnaissance, une pure gratitude. Quel voyage, quelles rencontres, quelle passion !
Il est temps aujourd’hui que ces œuvres vivent, vibrent, résonnent sur d’autres murs, d’autres cimaises, en d’autres parcs. Qu’elles voyagent.
Pour notre part, le moment est venu de s’alléger, de recouvrer cette liberté que nous aimons par-dessus tout, et qui est notre empreinte profonde.
Parce qu’il y’a toujours, au détour des chemins, de nouveaux coups de cœur, de nouvelles rencontres à venir... »
Patrizia et Olivier Massart