Pierre Soulages naît le 24 décembre 1919 à Rodez, dans l’Aveyron. Dès le plus jeune âge, Soulages est passionné par la peinture. Il représente les cosses, les grands plateaux désolés et le paysage austère de sa région natale. À 14 ans, Soulages visite une abbatiale romane de l’Aveyron. Subjugué par l’architecture et la sculpture du lieu, il prend alors conscience qu’il consacrera sa vie à la peinture. À l’âge de 18 ans, Soulages rejoint donc Paris afin de préparer le concours des Beaux-Arts. Lors de son séjour, il fréquente les musées de la capitale et découvre Cézanne et Picasso, qui influenceront grandement sa vision de l’art. Mais bien qu’admis aux Beaux-Arts, Soulages fait le choix volontaire de ne pas intégrer l’école. Il repart pour l’Aveyron et demeure en Zone libre jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
En 1946, Soulages retrouve Paris et son identité artistique s’affirme. En effet, il peint des oeuvres abstraites où le noir prédomine. Pour l’artiste, lorsque l’on regarde une toile abstraite, « c’est toute l’expérience que l’on a du monde qui est concerné ». À cette période, les peintures de Soulages, dont le style est proche de celui d’Hans Hartung, ne sont pas intégralement noires. Il laisse volontairement le noir se confronter au blanc immaculé des espaces non peints. C’est précisément de ce contraste que naît la qualité poétique de ses oeuvres. Ainsi, les peintures Soulages sont remarquées par les critiques de l’Après-Guerre et exposées dans plusieurs galeries parisienne. Dans les années 1950, il se lie avec d’autres artistes abstraits, dont Kupka, Hartung et Herbin. Soulages accède à la reconnaissance internationale lorsque le groupe expose dans toute l’Europe et aux États-Unis. Le Premier ministre George Pompidou décore même son bureau de Matignon d’une toile de Soulages.
En 1979, Pierre Soulages entame une nouvelle période artistique en réalisant les célèbres toiles mono-pigmentaires de trois mètres de hauteur, appelées « Outrenoirs ». Soulages applique du noir sur du noir et trace des sillons à la surface de ses oeuvres. Ce qui importe dans un Outrenoir, au-delà de son intensité chromatique, ce sont les jeux de lumière sur les reliefs rythmiques des sillons. À chaque exposition, le peintre veille ainsi minutieusement au juste éclairage de ses oeuvres. En 1986, le ministère de la Culture charge Soulages de réaliser les vitraux de l’abbatiale de Conques, en Aveyron. Ce projet qui s’étend sur sept années aboutit à la conception de vitraux originaux mais sobres, qui exploitent toutes les nuances de la lumière naturelle.
À l’occasion du centenaire de l’artiste en 2019, le musée du Louvre organise une exposition Pierre Soulages qui témoigne de l’importance de l’artiste dans l’histoire de la peinture. Auparavant, seuls Picasso et Chagall avaient bénéficié de leur vivant d’une telle consécration…