L’artiste-céramiste André Aleth Masson à parfois été injustement relégué au second rang de l’histoire contemporaine de la céramique. Les 23 pièces proposées dans la vente Design Français révèlent toute l'étendue de son talent.
André Aleth Masson n’a pas encore tout à fait la renommée d'artistes comme Georges Jouve, André Borderie ou Pierre Szekely, véritables stars du monde de la céramique des années 50. La vingtaine d'œuvres présentées lors de la vente Design Français donnent pourtant toute sa dimension à un sculpteur, graveur et peintre, qui peut sans problème rivaliser avec les créateurs les plus inspirés. Élève de l’école des Beaux-Arts de Rennes puis de Paris après la guerre, il intègre en 1947, l’école de Fontcarrade où il apprend la céramique.
Ses premières créations reflètent le goût de l’époque pour les objets de “formes libres” souvent émaillées (Vase-pichet dit Chat, 2 500 / 3 500 €) qui connaissent un franc succès lors de sa première participation au Salon des indépendants en 1950. L’essai sera par la suite transformé notamment grâce au trois expositions personnelles que lui consacre la galerie M.A.I entre 1952 et 1951. André Aleth Masson fait une rencontre déterminante dans la galerie d’Yvonne Zervos, celle d'André Borderie.
Céramiste lui aussi, membre du groupe Espace fondé par le sculpteur Pierre Székely, Borderie fait de Masson sont plus proche collaborateur, seul, à son sens, capable de réaliser techniquement ses projets monumentaux. L’influence de Borderie est notable, notamment dans une des pièces les plus intéressantes de la vente, la lampe Cratère (1962) estimée entre 20 000 et 30 000 €.
Peu à peu, Aleth Masson s'éloigne des objets de céramique traditionnels pour orienter son travail vers une approche plus architecturale. L’architecture intérieure qui se matérialise par ce projet de cheminée qui n’aurait sans doute pas déplu à Valentine Schlegel (2 000 / 3 000 €). Au contact du Mouvement du “Mur Vivant” fondé par l’architecte Jean Merlet et le sculpteur Robert Juvin, dont le but est “d’apporter à l’espace architectural une animation plastique intéressante” (Raymond Lopez, revue Mur Vivant, 1967), Masson développe toute une série de micro-architectures tour à tour futuristes ou organiques (lots 103 & 104. Lampe, vers 1963 15 000 / 20 000 €, et Lampe, vers 1966,12 000 / 18 000 €).
Le sculpteur a su exprimer ses talents de “peintre-plasticien” grâce à la céramique comme en témoigne le panneau Composition (15 000 / 20 000 €) , réalisé en 1971 pour les collectionneurs Bernard et Claudette Leportier et reproduit en couverture de l’ouvrage de Thomas Leporrier (TL éditions, 2011), André Aleth Masson : Céramiste, peintre et sculpteur.
