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Max Linder, premier auteur-réalisateur-comédien du Cinéma mondial

7 juin 2018

Piasa Digital

Max Linder, est né en 1883 à Saint-Loubès en Gironde dans une famille de vignerons . Après des études au lycée de Talence, il entre au Conservatoire de Bordeaux puis monte à Paris rejoindre un ancien professeur de déclamation qui dirige le théâtre de boulevard l’Ambigu. Il y joue ainsi qu'aux Variétés. Muni d'une lettre de recommandation d'un ami du théâtre de l'Ambigu, il est reçu dans la maison Pathé qui l'engage en 1905 pour « faire du cinématographe » : scénariste, réalisateur, acteur, il tourne alors près d’un film par jour et met chaque jour sa propre vie en scène.––

Après quelques sketches burlesques (Un mariage à l'italienne, Les Débuts d'un yachtman et des comédies d'époque comme Dix femmes pour un mari en 1906), il crée le personnage de « Max », jeune dandy élégant, hâbleur, aimant les femmes, toujours mêlé à des aventures loufoques dont il se tire avec brio et des accrobaties dignes du meilleur cirque. Max Linder se dote d'un physique reconnaissable : costumes élégants, avec chapeau haut-de-forme (parfois melon), petite moustache.


Le personnage de « Max » est un triomphe mondial, Max Linder devient la première star internationale de cinéma  quelques années avant qu'Hollywood invente les siennes ,et Charlie Chaplin s'inspire de Max Linder pour créer son propre personnage. Un premier problème de santé, et un accident pendant un tournage (éventration à la suite d'un saut acrobatique en patin à roulettes au Théâtre de la Cigale), l'obligent à s'arrêter plusieurs mois en 1911, mais il revient avec encore davantage de succès. 


En 1912-1913, il part pour des tournées triomphales à l'étranger, d'abord en Espagne et en Allemagne, où il tourne des scènes qui seront insérées à ses films (Max toréador ou Max, professeur de tango), puis en Russie (Saint-Pétersbourg). Mais la guerre de 1914 interrompt cette carrière sans précédent alors que son contrat avec Pathé d'un million de francs prévoit de tourner 150 films sur trois ans. Envoyé au front, gazé, il est définitivement réformé. En 1916, s'estimant rétabli, il signe un contrat mirifique (salaire de 5000 $ par semaine) avec les Studios Essanay de Chicago, que Charlie Chaplin venait de quitter. Mais sa santé encore fragile le trahit et ne lui permet de tourner que trois films sur les douze prévus. Malade, il rentre en France.


A peine rétabli il adapte à la demande de son ami Tristan Bernard, le Petit Café, qui rencontre un accueil enthousiaste et le 21 mars 1919, il inaugure son cinéma, le Ciné Max Linder dont il a conçu tous les plans. Max Linder repart à la fin de l'année 1919 aux États-Unis, à Hollywood, devenue la capitale mondiale du cinéma. Il est tout à la fois producteur, scénariste, metteur en scène et principal interprète des trois longs métrages qu'il produit successivement : Sept ans de malheur, célèbre pour la scène du miroir reprise plus tard par les Marx Brothers, Soyez ma femme, et ce qu'il considérait comme son meilleur film, L'Étroit Mousquetaire...


En 1921, il rencontre une jeune fille mineure de 16 ans, Ninette Peters (1905-1924), dans un palace de Chamonix où il se repose. Fou amoureux,il l'épouse à l'église Saint-Honoré-d'Eylau de Paris. Il fait construire une maison Avenue du Parc St James à Neuilly, en vérifie les plans, la meuble .En juin 1924 naît leur fille Maud (1924-2017). Quelques témoignages parlent de sa fierté avec sa fille sur les épaules, et des photos montrent l’attendrissement de la jeune mère devant sa fille. Il part en Autriche réaliser Le Roi du cirque. Malgré les critiques élogieuses que ce film remporte, malgré sa nomination à la présidence de la Société des Auteurs de Films,malgré la préparation terminée de la super production Le Chevalier Barkas, et son engagement pour tourner une adaptation du Chasseur de chez Maxim's, le 31 octobre 1925, alors que le couple réside dans l'appartement de l'hôtel Baltimore (avenue Kléber à Paris), les deux corps sont retrouvés inanimés, les veines tailladées.Tous deux meurent dans la soirée . 


On peut penser que cette fin tragique explique l’oubli provisoire de cet immense artiste. Mais aussi, sa fortune et l’éducation de sa fille unique (1924-2017) ayant été confiées à son frère aîné Maurice Leuvielle (1881-1959), ancien joueur de rugby,ce dernier, rongé de jalousie, a dilapidé une grande partie de l'héritage, enterré les bobines de ses films dans son jardin (non protégées par leurs boîtes métalliques, Maud Linder en les déterrant, ne récupérera que des pellicules inexploitables). Seule une centaine de films subsiste aujourd'hui sur plus de cinq cents qu'il a tournés. Mathilde Peters, la belle-mère de Max, et la famille Leuvielle se disputent pendant des années, la garde de l'orpheline légataire.Ce n’est qu’à l’age de 20 ans que Maud a découvert qui était son père. Dès lors elle a passé sa vie à rechercher des films, des photos, des témoignages sur ce père dont elle était fière.


Elle est l'auteur de plusieurs films à la télévision et de deux films de cinéma: En compagnie de Max Linder en 1963, et L'Homme au chapeau de soie en 1983, films qui retracent la vie et l'œuvre de son père à travers des extraits de films et des documents d'époque. Max Linder y est présenté comme « le premier auteur-acteur de l'histoire du cinéma ». Maud a également publié un livre sur son père, Max Linder était mon père, en 1992. Elle souhaite aussi créer un « Institut Max Linder » pour honorer les travaux et la vie de son père.


L'apport de Max Linder au cinéma comique est immense : il savait enrichir les scénarios d'une grande finesse d'observation, et d’une grande poésie teintée de surréalisme . il réconcilie le cirque et le vaudeville, la farce et la comédie légère ; enfin, il impose un type profondément original. De Charlie Chaplin à Pierre Étaix,et plus recemment à Jean Dujardin dans «  the artist » tous les grands comiques de l'écran lui doivent quelque chose.

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